
Credit : Nathalie Ciroux
Dans quelques semaines, l’université européenne assomptionniste proposera une réflexion sur le thème de l’intériorité. Comment se préparer à ces trois jours ? En s’inscrivant, certes. Mais aussi…
peut être en lisant la réflexion stimulante du philosophe Alexandre Jolien
Quelle serait votre définition de l’intériorité et les voies pour l’enrichir sinon la préserver?
A la suite de Maître Eckhart, Bergson avec bien d’autres distinguent le moi social et ce qu’on pourrait appeler le fond du fond. L’intériorité, à mes yeux, procède précisément de cette profondeur de l’être humain, au-delà des rôles sociaux et de l’agitation du mental. Il y a en nous une part indemne qui résiste aux traumatismes, aux épreuves de la vie, aux coups du sort. Définir l’intériorité, c’est toujours encourir le risque de retomber dans des étiquettes qui sont le propre du moi quand, ce qui fait sa nature est précisément d’échapper à toute possibilité de prise, d’emprise. C’est assurément l’une des vocations de la vie spirituelle : abandonner le mode du pilotage automatique, quitter le jeu des réactions passionnelles pour oser une liberté. La méditation, la prière, sans les instrumentaliser et en faire des recettes ou des baguettes magiques, y conduisent comme par la main, me semble-t-il. D’où la nécessité d’inaugurer un art de vivre, de pratiquer des exercices spirituels, d’oser la déprise de soi et le don généreux. Car le rapport à l’autre, la rencontre nous enracinent aussi dans l’intériorité en nous apprenant que nous sommes des êtres de liens, tournés vers les autres, tournés vers le différent et le semblable, l’altérité.
Comment les philosophes en donnent une approche stimulante? Quels sont les maîtres en la matière?